Elyse VALSER (2ème dan) le 08 septembre 2008
Le 04 Septembre 2008
Difficile d'interviewer Elyse dans le vestiaire des filles quand on est un garçon !
On a donc profité de la préparation du forum des associations pour poser quelques questions à notre professeur bien-aimée afin de connaitre un peu plus la femme, l'Aïkidokate et d'avoir un avant goût de ce qui nous attend pour cette nouvelle saison.
Bonjour Elyse. Alors, question obligatoire pour une première interview : Peux-tu nous dresser ton parcours d'Aïkidokate ?
- J'ai commencé l'aikido en 1995. J'ai d'abord pratiqué à mi-temps pour me laisser du temps pour la reprise du karaté que j'avais découvert en 1975 et que je voulais reprendre. L'opportunité s'était présentée avec l'ouverture d'une section de karaté à Varennes Jarcy cette année là, avec comme professeur un élève direct de Jean Caujolle que j'avais suivi pendant 12 ans avant de m'arrêter pour mon premier congé de maternité. La section n'a pas tenu pour cause d'horaires tardifs (21h-22h). J'ai alors pu m'investir dans la pratique de l'aikido que je découvrais.
Après quelques déboires articulaires, j'ai réussi mon 1er dan en février 2002 puis le 2ème en juin 2004 et enfin le brevet fédéral en 2005 .
J'ai commencé l'enseignement très tôt avec mon 1er kyu auprès des enfants du club en association avec Jean-Pierre Mathieu, Stéphane et David Dantony. J'ai pris le relais des cours adultes à la demande de Rudi Lucas qui a fondé le club et m'a transmis cette passion.
Tu as pratiqué le karaté, comment es-tu arrivée à l'aïkido et comment s'est passé le premier contact ?
- Après ma 3ème fille j'ai cherché à reprendre le karaté, mais je n'ai pas trouvé localement l'état d'esprit martial et traditionnel que je connaissais. Je n'avais trouvé que des clubs de compétiteurs bruyants où le contact était prohibé. Max, mon mari, qui cherchait lui aussi un art martial, m'a emmenée voir un cours d'aikido à Varennes Jarcy. Le cours de Rudi Lucas m'a séduite. C'était en fin de saison et je me suis donc inscrite dès la rentrée. J'ai appris beaucoup plus tard que Rudi avait pratiqué le karaté avec Alain Castéjian qui tentera d'ouvrir la section karaté.
Quel est (quels sont) ton (tes) plus beau(x) souvenir(s) d'aïkido ?
- Mon plus beau souvenir reste le passage du 1er dan. Pratiquement tout le club m'avait accompagnée. J'attendais ce passage depuis 3 ans. Un accident de ski avait décompensé la statique de mon genou et je ne pouvais plus faire de pivot. J'ai du me faire opérer deux fois et un des chirurgiens consultés m'avait même laissé comprendre que l'aikido c'était fini. Je me suis accrochée, adaptée à mon handicap et finalement je poursuis ma progression depuis 8ans. L'aikido permet un entretien régulier et bénéfique de mon genou.
... "Un des chirurgiens m'avait laissé entendre que l'Aïkido c'était fini. Je me suis accrochée, adaptée" ...
Quel est la (les) rencontre(s) qui a (ont) été importante(s) pour toi pendant ces années de pratique ?
- Tout d' abord Rudi. il m'a fait découvrir un aikido martial traditionnel qui convenait parfaitement à la transition avec le karaté que je
pratiquais. Il a fondé un club convivial, basé sur le bénévolat et le sens du partage; il nous a tout de suite incité à participer aux plus grands stages, quelque soit notre niveau. C'était mon professeur et c'est maintenant un ami.
C'est ainsi que j'eus la chance de rencontrer dès mon premier trimestre de pratique Maitre André Nocquet, petit bonhomme de plus de 80 ans qui marchait vouté dans le couloir du gymnase et qui avait une tonicité et une aura incroyable sur le tatami.
J'ai découvert dès ma première année des techniciens venant de courants très différents. C'était d'abord déstabilisant puis très enrichissant.
Maitre Tamura m'a impressionnée par sa félinité, Bernard Palmier pour son sens de la pédagogie et Maitre Christian Tissier pour ses qualités humaines et sa technique.
Michel Hamon a été ma première référence bibliographique, il nous a permis d'intégrer une ligue fédérale très active avec une équipe d'enseignants efficaces pour la préparation des dans.
..."A Varennes, personne n'est jamais mis à l'écart "...
Tu es enseignante au club de Varennes, quel est selon toi ton apport personnel dans cet enseignement ?
- Il faudrait le demander aux aikidokas du club. J'essaie de transmettre l'envie et le plaisir de se retrouver et de pratiquer l'aikido dans une structure de taille familiale. L'aikido est accessible à tous et chacun peut progresser à son rythme. Il n'y a pas de compétition.
Les passages de grade récompensent le travail de tori mais aussi celui de tous ses uke sans lesquels il ne peut évoluer.
Travailles-tu certaines techniques ou certains principes plus particulièrement ?
- Je construis une progression sur l'année en fonction du niveau des élèves présents.Je ne privilégie aucune technique et j'essaie de mettre l'accent sur les principes d'unité, de centrage et d'intégrité. Je fais aussi souvent le rapprochement avec le travail des armes qui donne un sens concret au placement, à la vigilance et à la martialité .
... "Mettre l'accent sur les principes d'unité, de centrage et d'intégrité" ...
En ce début de saison, quels conseils donnerais-tu aux nouveaux pratiquants ?
- L'aikido parait complexe par sa nomenclature japonaise, sa construction technique et ses chutes. Par cette complexité on le compare souvent à une chorégraphie.
Il ne faut surtout pas s'attendre à devenir un combattant en quelques mois sinon gare aux désillusions. Le débutant doit réapprendre à coordonner son corps dans l'espace (dédramatiser la chute) et à construire sa relation avec ses partenaires. Les progrès seront rapides si l'entrainement est régulier plutôt qu'intense.
Nous avons tous débuté un jour et nous devons nos progrès à la patience des plus anciens.
A Varennes, personne n'est jamais mis à l'écart !
... "Nous avons débuté un jour et nous devons nos progrès à la patience des plus anciens" ...
Et les Jeudis de Varennes, on continue encore cette année ? As-tu déjà des prévisions d'invitations ?
- La première édition était une mise en route somme toute satisfaisante. On poursuit avec les mêmes invités et leurs professeurs que sont Yassine Berkane, Régis Philippe et Maurice Thai Tien, ainsi que Michel Hamon. Il y aura aussi un cours aikitaichi avec Philippe Guichet.
Pour quelle raison es-tu également inscrite en tant qu'élève au club de Draveil ?
- Varennes Jarcy est un club de taille familiale. Lorsque je me suis investie dans la formation d'enseignante, j'ai eu besoin de passer à un rythme supérieur. Régis Philippe est élève du cercle Tissier et a un cours gradé à Draveil ouvert aux licenciés d'autres club, avec de nombreuses ceintures noires.
Il fait, de plus, partie de l'équipe d'animation départementale pour la préparation des dans et a été mon tuteur de stage pour le brevet fédéral. Cela fait 5 ans qu'il est mon référent technique et je l'en remercie beaucoup.
..."Transmettre l'envie et le plaisir de se retrouver et de pratiquer l'Aïkido" ...
Qu'est-ce que l'Aïkido t'apporte dans la vie quotidienne ?
- En premier lieu du plaisir:
Dans une pratique physique régulière et la perspective de toujours aller plus loin malgré le temps et les handicaps.
Dans la relation à l'autre qui est constructive et non destructrice.
Dans l'enseignement et le partage d'une passion.
C'est aussi un antistress et une méthode de gestion pacifique des conflits qui s'applique au quotidien en dehors du Dojo.
Tu as une grande famille, n'est-ce pas difficile de concilier travail, vie de famille et temps passé sur le tatami ?
- Oh oui ! j'ai manqué de temps surtout à certaines périodes où tout se superpose. Cela demande de l'aide, de l'organisation et des priorités. Mais le planning d'une mère de famille est déjà tellement envahissant qu'il faut se préserver du temps. Et c'est indispensable à mon équilibre.
- Pour finir, y a-t-il une question que tu aurais aimée que je te pose ? Et quelle aurait été ta réponse ?
Je suis parfois interpelée sur la place des femmes dans l'aikido !
C'est un art martial où le rapport de force n'a pas lieu d'être. Il n'y a pas de compétition donc pas de catégorie de poids. La pratique est mixte et doit le rester. C'est la richesse même de l'aikido de pouvoir établir un échange entre deux partenaires quel que soit son age, son sexe et son gabarit. Il y a d'ailleurs d'excellentes techniciennes qui dirige des stages de ligue.
..."Une méthode de gestion pacifique des conflits qui s'applique au quotidien en dehors du dojo" ...
Merci Elyse d'avoir joué le jeu de l'interview.
Tes réponses à nos questions expriment bien la qualité des relations humaines que tu entretiens avec tous ceux qui te cotoient.
Un grand merci de la part de tous tes élèves pour ton dévouement, ton implication dans le club, ta gentillesse et l'art tout particulier que tu as de transmettre ta passion en toute simplicité.
P@scal